Monsieur Saidou .O.Touroua, promoteur nationale & pays de la zone CEMAC du produit CON-AID/CBR – PLUS
Le Cameroun, pour l’atteinte de son objectif de l’émergence à l’horizon 2035, vient de réajuster et de reformuler ses priorités dans la Stratégie Nationale de Développement (SND). Dans ce document qui d’une importance capitale, le développement des infrastructures et notamment celles routières, occupe une place de choix.
D’une longueur totale 121 501,5 km, le réseau routier comprend à ce jour 7 786,5 km de routes bitumées et 113 716 km de routes en terres, avec par ailleurs 2 590,7 km de route sont en cours de bitumage. Il ressort de cela que le réseau en terre au regard de l’importance de son linéaire (93,6% du réseau total), est celui qui impacte le plus sur la vie et le quotidien des populations. Leur niveau de vie dépend ainsi étroitement du niveau de service offert par les routes en terre. A ce propos, le ministère des Travaux Publics dont l’une des missions est de doter le Cameroun d’un réseau routier de qualité, performant et interconnecté, pour une facilitation des échanges et la promotion d’une croissance forte et durable à l’échelle nationale et locale, a tenu du 1er au 4 juin 2021 à Yaoundé, un séminaire de vulgarisation de la note de stratégie d’entretien durable des routes en terre. Vous y avez participé et avez exposé sur les produits innovant. Il a été question à travers votre produit le CON-AID/CBR – PLUS, de parler du traitement des sols avec des produits stabilisants.
BTP AFRIQUE : Concrètement, lorsqu’on parle de CON-AID/CBR – PLUS, il s’agit de quoi ?
Le produit stabilisant CON-AID/CBR-PLUS est un produit chimique concentré à haut pouvoir stabilisant fabriqué en Afrique du Sud par la société Agent CBR Plus Technologies International (Pty) et représentée au Cameroun par Trade and Investment Promotion. C’est une technologie utilisée pour augmenter de manière significative la portance (indice Californian Bearing Ratio ou CBR) des sols de faible portance. Dans les conditions normales de sa mise en œuvre, notamment le respect des normes d’assainissement, le CON-AID/CBR-PLUS rend le sol traité hydrophobe (refus de l’eau) et le met donc à l’abri de la boue salissante et de la poussière étouffante. C’est une huile sulfonée constituée de molécules qui se présentent sous forme de dipôles dont l’un, hydrophile se lie à la particule d’argile et l’autre hydrophobe repousse l’eau qui influence l’hydratation des argiles qui constituent notre sol.
BTP AFRIQUE :Depuis combien d’années votre produit existe il au Cameroun ?
Le CON-AID/CBR-PLUS est utilisé depuis 1978 dans 64 pays (d’Afrique, d’Europe, d’Extrême Orient(Asie), d’Amérique du Nord et Sud). Introduit au Cameroun en 1996 , dont les premiers essaies ont débuté sous la demande du MINTP avec le LABOGENIE et validé par la CONAROUTE (SPM), le Premier Ministre Chef du Gouvernement a signé deux actes visant à rendre opérationnel la nouvelle stratégie d’entretien des routes au Cameroun ; Il s’agit de l’Arrêté N°042/PM du 19Avril 2016 mettant en vigueur le Dossier type d’Appel d’Offres pour la passation des marchés des travaux d’entretien ou de réhabilitation des routes à l’aide des produits innovants et du décret N°2016/0848/PM du 20 Avril 2016, fixant les conditions d’utilisation des produits innovants dans l’entretien routier.
Le CON-AID/CBR-PLUS a ensuite été définitivement homologué par le MINTP en 2017 par l’Arrêté N°36/A/MINTP/SG/DGET/DPPN/CNT du 08 Mai 2017, après 18 années de réalisation des planches d’essai différentes sur divers types de sol avec la collaboration du LABOGENIE.
BTP AFRIQUE : A-t-il déjà été utilisé dans un projet d’entretien routier ? Si oui lequel ?
S’agissant du cas du Cameroun, les premiers essais de stabilisation de routes en utilisant la technologie CON-AID ont eu lieu en 1996 sur le tronçon AYOS-BONIS (1Km) ; et grandeur nature en en 2006 sur le tronçon KUMBA-MUDEMBA (3Km).
Entre 2008 et 2009, un autre essai (grandeur nature) a eu lieu dans le Sud Cameroun par traitement de sections critiques sur les tronçons LOLODORF-MEKALAT-ASSOK (long de 26km).
Un quatrième essai en 2010 a eu lieu dans le Sud-Ouest sur le tronçon KOMBONE MISSION – EKWE (long de 24km) et ceci sur des sections critiques.
Un projet pilote a eu lieu en 2016 dans la région de l’Est par section critique sur le tronçon YOKADOUMA-GARIGOMBO (80Km) et au Sud-Ouest par section critique sur le tronçon EKONDO-TITI-MUDEMBA (60KM).
En 2017, le CON-AID a été utilisé dans le réseau Ouest, précisément dans la commune de BATCHAM par section critique pour la réhabilitation par procédé HIMO de la route marché BANGANG-NZINDONG-MESSANG sur un linéaire de 16km (projet MINEPAT).
En cette année 2021, D’autres projets d’entretien routier au stabilisant CON-AID sont en cours de réalisations ; parmi lesquels, l’exécution des travaux d’entretien périodique au produit stabilisant CON-AID/CBR-PLUS du tronçon routier SAOTCHAI-DOUKOULA dans le réseau Nord d’une longueur de 20km en vue d’un bitumage en bicouche dont l’augmentation du taux du CBR après stabilisation au CON-AID est observé à 495%
BTP AFRIQUE : L’utilisation du CON-AID/CBR-PLUS réduit le coût des travaux de 43% environ. Avec la décentralisation effective au Cameroun, est-ce une solution à envisager pour davantage désenclaver les bassins de production ?
Le désenclavement des bassins de production au Cameroun avec la décentralisation effective nécessite la mise en place d’une stratégie cohérente d’entretien durable de l’ensemble du réseau des routes en terre ; car ce dernier (réseau des routes en terre) représente 93,6% du réseau routier camerounais. C’est également le réseau en terre qui impacte le plus sur la vie, le quotidien des populations et leur niveau de vie dépend ainsi étroitement de la qualité de routes en terre.
Les solutions d’entretien envisagées et mises en œuvre jusqu’alors ont ainsi montré leurs limites et appellent à une nouvelle stratégie efficace d’entretien durable des routes en terre. La dégradation précoce de ces routes engendre des conséquences énormes, aussi bien en termes de manque à gagner pour les usagers que de dépenses pour leur remise en état.
La dégradation précoce des routes en terre après les opérations d’entretien utilisées jusqu’alors pose ainsi la problématique de leur durabilité, ces dégradations précoces se produisant par les déformations, la formation des nids de poules et des bourbiers, les glissements de terrain ou encore la perte de matériaux, résultant de facteurs divers.
Pour pallier à ces problèmes récurrents, et en vue d’une optimisation des performances des projets d’entretiens routiers, le MINTP dans sa nouvelle stratégie d’entretien durable des routes en terre rendue officielle en Juin 2021 à travers un séminaire national, préconise comme alternative l’utilisation des produits innovants à fort pouvoir stabilisant comme le « CON-AID » , d’autres produits innovants et matériaux locaux.
Le produit stabilisant CON-AID, présentes donc les avantage suivants :
- Le produit stabilisant CON-AID/CBR-PLUS traite et améliore les matériaux trouvés in situ. (Pas besoin de matériau d’emprunt seulement si nécessaire);
- Il améliore la portance des matériaux argileux par une augmentation de l’indice CBR de 20% à plus de 660% environ et au-delà selon les types de sols.
- Ainsi, aussi bien en saison pluvieuse qu’en saison sèche, les routes ou espaces traités au CON-AID/CBR-PLUS, restent parfaitement praticables (en saison sèche, la poussière est sensiblement réduite et en saison des pluies pas de boue).
- Les routes stabilisées au CON-AID/CBR-PLUS résistent de 5 à 7 saisons et plus y compris l’entretien systématique du drainage si la méthodologie de mise en œuvre est bien respectée selon les types de sols.
- Par ailleurs, on note une réduction d’environ 43% des coûts de construction et d’entretien des routes traitées au stabilisant CON-AID/CBR-PLUS.
- La chaussée stabilisée au CON-AID/CBR-PLUS est immédiatement ouverte à la circulation.
BTP AFRIQUE : Quel est le coût de l’entretien d’un m2 de route au CON-AID/CBR-PLUS ?
Le coût d’entretien d’une route au produit stabilisant CON-AID/CBR-PLUS par m2 y compris l’assistance technique est de 1125 FCFA environ, prix homologué en ce qui concerne le CON-AID. Quant à la mise en œuvre, le coût pourrait tourner autour des 1300 FCFA TTC par m2, à cela vous ajoutez le coût du produit stabilisant de votre choix. Le maître d’œuvre pourra mieux vous indiquer le cout exact après leur propre calcul.
BTP AFRIQUE : Étant donné que les molécules de CON-AID/CBR-PLUS adhèrent essentiellement sur les particules d’argiles, et au regard de la diversification des sols camerounais, l’action de ce produit peut-elle être limitée ?
La fraction argileuse de nos sols représente au moins 20% en quantité. Il arrive même qu’elle aille jusqu’à 85% comme dans le cas du Karal des régions du Nord et de l’Extrême Nord. Quel que soit le milieu pédologique où l’on se trouve, les sols argileux forment toujours une matrice liant les blocs dans une sorte d’enrobage. De plus, lors de la mise en œuvre du stabilisant CON-AID/CBR-PLUS, il est conseillé de réduire jusqu’à la plus petite unité le volume de blocs décimétriques et puis dans le sol à stabiliser par ripages successifs. Le reste de blocs centimétriques pour les plus grands serra par la suite enrobés dans le ciment argileux et aisément stabilisé par le CON-AID/CBR-PLUS.
BTP AFRIQUE : Quelle est la durée de vie d’une route dont l’entretien a été fait au CON-AID/CBR-PLUS ?
- Pour les sols en GRAVE LATÉRITIQUE, la durée minimale de vie est de 5 ans et la durée de vie maximale de 7 ans et plus selon le type de sol.
- Pour les sols en KARAL, la durée minimale de vie est de 8 ans et plus.
La méthodologie et le cartonnage doivent être respectés scrupuleusement. Ces durées de vie que j’indique ont été confirmées par les zones traitées depuis que nous effectuons des essais sur des sections critiques et d’autres zones à l’instar de l’extrême Nord dans les villes de MOKOLO et YAGOUA (marché MINDHU 2014).
BTP AFRIQUE : De plus en plus on parle de changement climatique, de protection de l’environnement, de santé des populations quand on fait allusion à un produit innovant. CON-AID/CBR-PLUS est-il un polluant ? Peut-il être avoir des répercussions à long terme sur l’environnement et la population ?
Comme nous l’avons ébauché plus haut, le produit stabilisant CON-AID/CBR-PLUS est totalement respectueux de l’environnement et du bien-être des populations :
- Le CON-AID/CBR-PLUS est constitué de molécules organiques essentiellement biodégradables dans l’environnement où il est utilisé.
- Le CON-AID/CBR-PLUS est totalement soluble dans l’eau. Il est non corrosif, non toxique et non inflammable.
- Il obéit à la Norme sur la Qualité Environnementale (NQE).
- d’autres études d’impacts environnementales disponibles ont été réalisées par des laboratoires indépendants au Canada et en Grande Bretagne.
BTP AFRIQUE : CON-AID/CBR – PLUS semble être un produit efficace s’agissant de l’entretien des routes. Le problème de l’Afrique on le sait est lié à la mobilité des personnes et des biens. Vous êtes déjà présent au Cameroun, qu’en est-il du reste de l’Afrique ?
Notre plan de développement prévoit la finalisation du transfert de technologie par la création au Cameroun d’une usine de production du stabilisant CON-AID/CBR-PLUS en collaboration avec nos partenaires pour le maintien de la qualité. La création de cette unité de production permettra dans un premier temps de répondre aux besoins grandissants et desservir rapidement les autres pays africains.
Mais en attendant, nous avons déjà commencé à entrer en contact avec les pays voisins ; notamment ceux de la zone CEMAC, afin de les informés de l’utilité du stabilisant CON-AID dans le cadre de leur plan de développement et la nécessité de former les experts dans ces pays sur la méthodologie d’utilisation du produit stabilisant CON-AID/CBR-PLUS.
Nous allons commencer en Octobre 2021 avec la république du Tchad. Dans cette perspective, une délégation des autorités Tchadiennes a effectué entre juin 2019 et février 2021 une double mission au Cameroun en vue de mieux appréhender la stabilisation pratique de certaines zones critiques à base du stabilisant CON-AID dans la région de l’extrême-Nord précisément, car la Banque Mondiale a validé des projets routiers en république du Tchad en vue du désenclavement des zones de production agricoles .
Notre Slogan « ROAD CREATE PROSPERITY »